Valoriser les bons coûts!
L’entrepreneur agricole d’aujourd’hui doit prendre de multiples décisions stratégiques annuellement. On peut facilement penser à l’achat d’une terre, à la construction d’un bâtiment, à l’augmentation de la capacité de la machinerie ou à la détermination des volumes des différents produits agricoles à mettre en production. Ce sont différentes décisions qui auront un impact stratégique sur l’entreprise. Tout est une question de bons coups et de bons coûts!
En cette matière, on remarque rapidement que les bons coups sont très valorisés dans tous les secteurs, notamment le secteur agricole. Ces bons coups ont des impacts sur la situation financière des entreprises. On parle souvent des revenus et de la capacité de produire. À ce titre, les différents concours sont souvent orientés sur les performances techniques et la capacité à générer des revenus.
Mais qu’en est-il des coûts? Pourquoi les bons coûts ne sont-ils pas plus valorisés? Trois grandes difficultés se présentent pour les valoriser. Celles-ci touchent aux normes sociales, à la confidentialité et à la maîtrise technique des coûts.
D’un point de vue des normes sociales, il est plus intéressant de parler de ses revenus et de sa capacité à faire les choses que de parler de coûts. Par exemple, quelle option est la plus intéressante pour commencer une discussion? Un nouveau tracteur acheté ou la réduction du coût des machineries par unité produite? Ici, on valorise davantage la capacité de production, et non les coûts.
D’autre part, les coûts sont également une notion plus confidentielle et, par conséquent, ils sont moins objets de discussion. Par exemple, un vendeur de tracteurs vous parlera du prix de vente et de la capacité de la machinerie qu’il vous propose, mais ne lui demandez pas combien il lui a coûté! En effet, si le prix et les coûts sont connus, il est facile de connaître la marge de profit.
Finalement, c’est aussi plus facile de connaître ses revenus et son nombre d’unités produites que ses coûts. Le chiffre d’affaires, le nombre d’animaux dans les bâtiments ou encore le nombre d’hectares en cultures est relativement simple à connaître et à se rappeler. Toutefois, connaître le réel coût derrière chaque produit demande un minimum de connaissance et d’analyse technique pour déterminer la pertinence de toutes ces décisions et la façon de les compiler.
Malgré ces difficultés, les bons coûts devraient être valorisés davantage. Ils ne remplacent pas les revenus et la capacité de produire. Toutefois, la marge des entreprises agricoles est non seulement une question de revenus, mais également une question de coûts. C’est l’optimisation des coûts par unité de production qui permet de générer une marge de profit.
Dans le cadre des études de coûts de production, l’équipe du CECPA a la chance de côtoyer de nombreuses entreprises agricoles. Plusieurs de celles-ci ont une bonne rentabilité grâce à leurs bons coups, mais surtout grâce à leurs bons coûts. Les meilleures entreprises ne sont d’ailleurs pas toujours celles qui gagnent des concours, mais ce sont celles dont les bons coûts leur permettent de perdurer dans le temps. Maintenant, c’est à vous de choisir, préférez-vous valoriser vos bons coups ou vos bons coûts?