Il y a quelques jours, j’assistais à l’assemblée générale des producteurs de pommes de terre. Bien que, pour ce secteur, les coûts de production s’invitent souvent à l’intérieur des nombreuses discussions, ils l’ont été encore plus cette année. Augmentation incroyable des fertilisants, croissance dans les coûts de transport, des prix de carburants jamais vus, hausse des salaires et bien plus. En résumé, une estimation de coût de production 20 à 30 % plus élevé pour 2022!
La grande question des entrepreneurs présents : « Sera-t-il possible de maintenir nos marges? » Au cours des dernières années, les quelques hausses de rendement ont à peine permis de soutenir l’augmentation constante des charges. De plus, les événements climatiques comme les sécheresses ont mis une pression substantielle sur le portefeuille de plusieurs entreprises.
Depuis quelques mois maintenant, l’inflation des prix est un sujet qui fait partie des discussions quotidiennes de pratiquement l’ensemble des personnes que nous croisons. Dans les faits, l’inflation est un phénomène totalement normal. Une inflation modérée est même bonne pour l’économie! La problématique est souvent la vitesse à laquelle elle se produit et la hauteur de celle-ci.
Lorsqu’elle est élevée et rapide, cette inflation peut occasionner un certain chaos à l’intérieur d’une filière. De manière peut-être un peu simpliste, le phénomène serait occasionné, d’une part, par une volonté de chacun des maillons à transmettre aux autres maillons l’ensemble de la hausse des coûts et de conserver une marge adéquate, d’autre part, par des consommateurs qui cherchent à préserver leur pouvoir d’achat.
La grande question est : « Est-ce que l’Entreprise agricole avec un grand E sera parmi les gagnants ou les perdants d’une inflation chaotique à l’intérieur de la chaîne agroalimentaire? »
Gagnante, si nous considérons que le consommateur continuera de demander des produits québécois et sera prêt à y consacrer un peu plus de sous. En théorie, le consommateur est toujours celui qui a le dernier mot! Pour la pomme de terre, un produit de consommation courante, les chances peuvent être bonnes.
Perdante, s’il n’existe pas dans l’ensemble de la chaîne une volonté collective de soutenir chacun des maillons. L’histoire nous démontre que le maillon de la production est souvent celui qui est le plus susceptible de « perdre » dans ce chaos! Bien que les filières ont été appelées à travailler en partenariat depuis quelques années afin d’ajouter une valeur globale aux produits, il en demeure qu’une inflation aussi prononcée et rapide pourrait occasionner un désaccord plus grand quant au fameux « partage de la marge ».
Dans le fond, le conseil que l’on peut donner aux entreprises agricoles, c’est de connaître leurs propres chiffres, de les analyser et de se donner des outils de gestion qui leur permettront de gérer leurs risques. Collectivement et individuellement, prenez le temps de calculer vos coûts de production, d’estimer l’impact de la croissance de certains postes de charges, d’identifier les éléments qui pourraient affecter à court terme votre marge et de faire le tour des options que vous avez. Mes ressources sont-elles à leur optimum? Serait-il possible de réduire une activité pour en prioriser une autre? Est-ce que mon plan de gestion de mes liquidités est adéquat? Et ainsi de suite.
Analyser son coût de production afin d’appuyer sa réflexion stratégique et la gestion de ses risques… ce n’est pas sorcier! Si vous voulez vous faire accompagner, demandez l’aide de votre conseiller spécialisé.
Francis Goulet, Directeur Général