Denis Boies est agronome-agroéconomiste et enseigne en gestion agricole à l'ITA, campus de La Pocatière. Il a conseillé les syndicats de gestion agricole et agit comme juge à l'Ordre du Mérite agricole. Il a remporté en 2008 une Mention d'honneur de l'Association québécoise de pédagogie collégiale.
crédit photo: ITA de Lapocatière
Étant dans le domaine de l’enseignement, je peux vous dire que l’économie et la gestion sont utiles et complémentaires. Également, ce qui peut sembler être de la fiction vue sur les bancs d’école se matérialise dans la vraie vie. Les deux disciplines sont toutefois souvent confondues ou mal comprises. Il n’est pas rare de voir les étudiants avoir de la difficulté à les différencier ou savoir quand il est pertinent d’utiliser les concepts plus économiques ou de gestion lors de leurs premières années d’étude. Les pièces du casse-tête prennent souvent place lors de la réalisation de leur plan d’affaires.
Les études du CECPA sont un bel exemple d’une vision économique de l’agriculture plutôt qu’une vision gestion.
Prenons deux exemples : la rémunération des propriétaires et la valeur des actifs au bilan.
Dans les études de coûts de production, la rémunération du travail calculé est le salaire de l’ouvrier spécialisé. En gestion, la rémunération réelle est traitée sous forme de retraits, de salaire, de dividendes ou de paiement du billet aux actionnaires.
Il faut se rappeler que le but premier du CECPA est de connaitre le coût complet pour produire une unité d’un produit, ce qui rend nécessaire d’utiliser une rémunération plus théorique basée sur un coût d’opportunité, un concept qu’on peut illustrer ainsi : au lieu d’avoir pris 10 minutes pour lire cet article, vous auriez pu travailler à 20$/heure. Le coût d’opportunité est donc de 3,33$.
Deuxième exemple, comment fixe-t-on la valeur des actifs au bilan?
Le CECPA travaille avec une valeur au coût, tout comme les comptables. Cette valeur est objective et crée moins d’écarts que la valeur marchande qui est plus subjective.
En gestion, les ratios d’analyse utilisent la valeur marchande afin de faire l’analyse financière de votre entreprise. La valeur marchande est la valeur du bien sur le marché de la revente. En gestion, des liens sont faits entre cette valeur et son financement. Bien que la valeur marchande soit établie de façon consciencieuse par les conseillers en gestion, elle peut fluctuer. De plus, on observe des variations quelques fois importantes entre les régions du Québec. La valeur des terres est un bon exemple. La valeur marchande est utile en gestion parce que le financement de l’actif est lié lors de l’élaboration avec sa valeur sur le marché.
Lorsque vous faites le bilan de santé technico-économique et financière de votre entreprise, l’utilisation de valeurs économiques et valeurs plus gestion vous sera utile. Cela vous permet d’avoir un portrait encore plus complet de la rentabilité de votre entreprise.
En conclusion, selon la finalité qui est visée, l’utilisation de valeur économique ou de gestion est judicieuse. L’important c'est de savoir où on va, non pas les moyens pour y arriver.